Youssef, Adrien et Sarah ne lèvent plus le nez du dictionnaire, absorbés, mercredi 23 avril, par leurs dernières découvertes lexicales. Les vacances de printemps ont commencé la veille à Meudon-la-Forêt (Hauts-de-Seine), où s'applique la semaine de quatre jours, mais quelques élèves sont retournés dans leur classe, à l'école élémentaire Auguste-Rodin.
Tous en CM2 et en difficulté scolaire, ils ont été sollicités - l'accord de leurs parents étant nécessaire - pour participer à des "stages de remise à niveau", organisés, pour la première fois, à l'échelle nationale dans le cadre du plan Darcos pour l'école primaire. En France, ils sont près de 82 000 élèves de CM1 ou de CM2 à recevoir ces quinze heures de soutien pendant les vacances de Pâques, encadrés par quelque 15 000 enseignants volontaires. Ces derniers sont rémunérés en heures supplémentaires défiscalisées, à hauteur de 360 euros par semaine. Trois heures par jour, les élèves travaillent le français et les mathématiques par groupes de cinq ou six. A Meudon, où seuls 13 enseignants se sont portés volontaires, Françoise Dutilleul, inspectrice de l'éducation nationale, a dû écarter les classes de CM1 pour ne retenir que 85 des 130 élèves susceptibles de suivre ces stages. Elle a aussi assigné trois professeurs du quartier Meudon Seine à l'école Rodin, où personne ne se proposait.
Franck Chapuis a un peu tiqué lorsqu'il a appris qu'il devait intervenir dans cet établissement qui n'est pas le sien. Mais son optimisme l'a emporté. "J'ai l'impression que les enfants sont très contents d'être là. C'est une vraie surprise", dit-il. Si la rémunération l'a attiré, le travail en petit effectif l'a convaincu : "Pour moi, c'est la base. Je ne me serais pas porté volontaire pour des groupes de dix à douze."
Avant la récréation, les élèves se plongent dans la lecture silencieuse d'un texte court, qu'ils lisent ensuite à haute voix. Chacun à son rythme, chacun son tour. Priorité est donnée à la compréhension du sens du récit. Dans une autre salle de cours, Gwenaëlle Nizan organise une séance de calcul mental. Autour du professeur, les mains se lèvent et les voix s'entremêlent avec enthousiasme pour répondre.
Un spectacle inhabituel devant lequel Mme Dutilleul esquisse un sourire : "On est plus dans le préceptorat que dans la relation habituelle. Cela fait bouger le regard qu'on a sur la difficulté." Gwenaëlle Nizan pourtant sourcille : "Ce sont des enfants dont on sait qu'ils n'aiment pas l'école, là on vient sur leur temps de vacances. Je ne pense pas que ça soit la solution miracle."
De fait, le matin, un élève s'est caché au centre de loisirs pour échapper au stage. Il a été conduit en classe, avec les autres. Mais après quelques minutes, il participait autant qu'eux et, à midi, manifestait déjà l'envie de revenir le lendemain. Son verdict : "En fait, c'est bien."
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